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Pour de nombreux chevaux, l’arrivée du printemps annonce le retour à l’herbage. Mais, même si la tentation est grande de lâcher les chevaux crinière au vent dans de belles prairies d’herbe fraîche, mieux vaut y résister et d’abord prendre les précautions nécessaires pour éviter accidents et infections !

 

 

 

 

L’inspection et la gestion des prairies

 

• Il est tout d’abord recommandé d’inspecter les clôtures des prairies où l’on va mettre les chevaux : les barbelés, source potentielle de blessures, sont interdits en France. La clôture électrique est le moyen le plus couramment employé pour empêcher les fugues ; après l’hiver, il faut vérifier que l’électrificateur soit en bon état de marche, que les fils ou rubans ne soient pas cassés, que rien ne vienne empêcher la diffusion du courant sur le périmètre de la clôture (végétation), qu’aucun vieux clou rouillé ne dépasse des poteaux.

• Un examen minutieux des prairies permet aussi de contrôler que rien de dangereux pour les chevaux n’y traîne (vieux engins agricoles...). Sans oublier une inspection régulière des abords, afin de veiller à l’absence de plantes toxiques (millepertuis, cigüe, séneçon de Jacob...)

• Chaque cheval doit disposer d’un espace suffisant pour pouvoir se nourrir correctement et exclusivement à l’herbe : la norme est d’un hectare par cheval. Si les prairies ont besoin d’être réensemencées ou enrichies par de l’engrais, il faut prévoir de le faire en amont, en dehors de la saison de pâturage.

• Un cheval buvant au moins 30 à 40 litres d’eau par jour, il faudra prévoir les contenants adéquats, ainsi que le renouvellement pour que les animaux aient toujours à disposition une eau propre et fraîche. Il est possible de rajouter à proximité une pierre à lécher, qui couvrira les besoins en sel.

• Si les prés sont très grands, il est possible de prévoir de les cloisonner en parcelles, de façon à déplacer les chevaux en fonction de leur consommation d’herbe.

• Enfin, les chevaux doivent disposer d’un abri naturel ou artificiel afin de se protéger du vent, de la pluie, ou du soleil en été.

 

 

La transition alimentaire

 

Si durant l’hiver les chevaux ont été nourris au foin et aux concentrés, une transition alimentaire sera nécessaire lors du passage au pré, sous peine de graves problèmes digestifs ! Les chevaux seront donc mis à l’herbe pour une courte durée tout d’abord (1/2 à 1 heure), que l’on augmentera progressivement si l’on n’observe aucun problème. En cas de troubles digestifs (coliques ou diarrhée), ne pas hésiter à faire passer le vétérinaire.

Si la surface est insuffisante par rapport au nombre de chevaux, il faudra complémenter par du foin ou des concentrés, surtout s’il s’agit de poulains en croissance ou de poulinières.

Les chevaux sensibles à la fourbure ou en surpoids seront particulièrement surveillés lors de la mise au pré : un petit pré avec une herbe pauvre sera préférable, pour limiter le risque de déclenchement d’une crise de fourbure. Au besoin, le régime sera complémenté par du foin.

 

 

La prévention sanitaire

 

C’est le moment de vérifier que les vaccins (tétanos, grippe) sont à jour, et de vermifuger avec le produit recommandé par le vétérinaire, pour ne pas contaminer les prairies.

Par ailleurs, les mouches, tiques, moustiques sont fréquents à l’extérieur, et pour les chevaux atteints de dermite estivale récidivante, il peut être nécessaire d’utiliser des répulsifs ou des protections anti-insectes. Pour les animaux présentant des zones dépigmentées, la crème solaire est indispensable.

 

 

Intégration et prévention des blessures

 

Au moment de la mise au pré, il faut être particulièrement vigilant aux affinités et aux antagonismes : si des nouveaux individus arrivent dans le groupe, ils peuvent être mis à l’écart et empêchés d’accéder à la nourriture ou à l’eau ; des coups de pied peuvent aussi être échangés. Mieux vaut créer des groupes où les individus s’entendent bien et où la hiérarchie n’est pas perturbée, et isoler les chevaux entiers (sauf si monte naturelle). On pourra aussi déférer les animaux, au moins à l’arrière.

Les premiers jours, les chevaux peuvent être tout excités de pouvoir s’ébattre en liberté : des cloches, guêtres ou protège-boulets peuvent être mis en place au début, pour éviter les blessures.

 

 

Conclusion

 

La mise au pré ne dispense pas de contrôle et de surveillance des animaux, et il est important de la préparer afin d’anticiper d’éventuels problèmes. Mais il faut ensuite continuer à inspecter régulièrement les chevaux, vérifier leur état général, leurs pieds. Rien ne remplace l’œil d’un propriétaire qui observe quotidiennement ses animaux dans leur environnement !

 

 

Rédigé par : Isabelle Mennecier - Docteur Vétérinaire

10/04/2017